La strongyloïdose ou anguillulose du cheval est une affection parasitaire intestinale atteignant essentiellement les poulains nouveau-nés.
Généralités :
Les Strongyloides ou anguillules sont des vers fins comme des cheveux dont seules les femelles parthénogénétiques sont des parasites stricts de l'intestin. Cependant la forme larvaire (ou larve somatique) peut persister dans différents tissus de l'organisme pendant des années.
Strongyloides westeri est un nématode appartenant à la famille des Rhabditidés et au genre Strongyloides. Il mesure 0,7 à 9 mm de long sur 0,05 mm de diamètre. La particularité de ces vers est d'avoir deux cycles possibles de reproduction: soit un cycle parasitaire à partir des femelles parthénogénétiques, soit un cycle indirect à partir d'adultes mâles et femelles libres.
Strongyloides westeri est un parasite spécifique des équidés. Il existe d'autres espèces de Strongyloides parasites spécifiques de l'homme mais aussi des canidés, des félidés, des porcins, des ovins et des bovins. Malgré leur nom, les anguillules ne font pas partie des "strongles digestifs".
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Espèces affectées :
Tous les équidés: chevaux, poneys, ânes, mulets, zèbres.
Répartition géographique :
Parasite cosmopolite rencontré sur tous les continents.
Importance :
Même lors d'infestations massives, les chevaux adultes semblent peu importunés par ce parasite. Par contre le pouvoir pathogène est beaucoup plus marqué chez le nouveau-né chez qui il peut provoquer des signes cliniques très sévères. Il y a peu d'informations concernant la prévalence des Strongyloides. Il est surtout observé dans les élevages aux conditions hygiéniques médiocres et où les programmes de vermifugation sont peu ou pas pratiqués.
Biologie :
La femelle parthénogénétique intestinale pond des œufs (ellipsoïdes, à enveloppe mince, de 55 x 30µm) qui se transforment en larves rhabditoïdes homozygotes (0,2 à 0,3 mm de long) et sont rejetées par les excréments. Dans le milieu extérieur, ces larves rhabditoïdes peuvent évoluer selon deux cycles différents:
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- Soit un cycle direct: les larves rhabditoïdes subissent deux mues successives et se transforment en larves strongyloïdes infestantes. Ces larves strongyloïdes infestantes pénètrent dans l'organisme par la voie trans-cutanée ou en traversant la muqueuse buccale, stomacale ou intestinale si elles sont ingérées. Dans l'organisme les larves subissent deux mues supplémentaires pour donner des femelles parthénogénétiques.
- Soit un cycle indirect: les larves rhabditoïdes après quatre mues successives se transforment en adultes mâles et femelles qui après fécondation dans le milieu extérieur, pondent des œufs (70 x 45 µm) qui évoluent en deuxièmes larves rhabditoïdes hétérozygotes puis en larves strongyloïdes infestantes qui pénètrent dans l'organisme où elles évoluent rapidement en femelles parthénogénétiques.
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Ces larves une fois ingérées ou après avoir pénétré par voie trans-cutanée, arrivent par voie sanguine ou à travers les tissus, jusqu'aux poumons, où elles séjournent peu de temps, puis elles gagnent la trachée et de là l'intestin où elles deviennent adultes en quelques jours. Cependant une quantité non négligeable de ces larves cheminent à travers les tissus et se localisent à la glande mammaire puis pouvant passer dans le colostrum et le lait. Cette présence de parasites dans le colostrum et dans le lait constitue la principale voie de contamination pour le poulain nouveau-né. Dans ce cas il ne s'écoule que 10 à 15 jours entre la première tétée et la présence d'œufs dans l'intestin du poulain.
Epidémiologie :
- Epidémiologie analytique:
La strongyloïdose peut affecter les équidés de tout âge, mais se sont surtout les poulains nouveau-nés ou non sevrés qui vont présenter les formes cliniques les plus sévères alors que les adultes font des formes le plus souvent inapparentes.
- Epidémiologie descriptive:
La source principale de contamination est constituée par les juments qui éliminent les larves rhabditoïdes dans leur lait. La contamination des adultes se fait le plus souvent au pâturage, les larves rhabditoïdes pénétrant par voie trans-cutanée plutôt que lors d'ingestion.
Etude clinique :
- Symptômes:
Lors d'infestation massive les poulains sous la mère présentent une diarrhée aiguë, le plus souvent incoercible avec déshydratation rapide et importante, amaigrissement, et anémie pouvant entraîner la mort. S. westeri provoque une diarrhée profuse, d'odeur non fétide, de couleur verdâtre et parfois sans élévation de la température. Ces signes cliniques apparaissent le plus souvent entre le 9ème et le 13ème jour de vie du poulain. Pendant longtemps, on a cru que cette diarrhée du poulain était due à un changement de composition du lait maternel correspondant à l'apparition des premières chaleurs après poulinage. En réalité il a été démontré que seul le parasitisme à Strongyloides westeri était responsable de ces "diarrhées de chaleur". Lors d'infection aiguë, la diarrhée peut persister pendant plusieurs semaines. Chez les yearlings et les jeunes chevaux, S. westeri peut provoquer des épisodes diarrhéiques mineurs.
Lors du passage à travers le parenchyme pulmonaire, les larves peuvent induire des troubles respiratoires se traduisant habituellement par de la toux, mais pouvant aller jusqu'à des hémorrhagies ou une détresse respiratoire. Le passage trans-cutané des larves peut provoquer des lésions locales d'irritation cutanée voire de dermatite.
- Lésions:
Les larves de S. westeri provoquent une forte réaction inflammatoire de la muqueuse intestinale.
- Diagnostic:
Un examen coproscopique permet de mettre en évidence les œufs embryonnés ou la présence de ces larves rhabditoïdes, essentiellement chez le poulain. En effet, les examens coproscopiques effectués chez la jument sont le plus souvent négatifs, les larves étant en quasi-totalité concentrées au niveau de la mamelle.
Méthodes de lutte :
- Traitement anthelminthique:
Certains benzimidazoles sont actifs contre S. westeri mais doivent être utilisés à des posologies double ou triple de celles habituellement recommandées. L'ivermectine, à la posologie normale de 0.2 mg/kg est parfaitement active sur les adultes et larves de S. westeri.
La prévention de cette affection chez le poulain passe par la vermifugation de la jument le jour du poulinage ou dans les 12 heures qui suivent. Lors d'atteinte diarrhéique du poulain, des vermifugations répétées toutes les 2 semaines sont nécessaires, accompagnées de traitements symptomatiques pour lutter contre la déshydratation.
- Interventions dans le milieu:
On peut réduire la densité des larves dans le milieu extérieur en pratiquant l'enlèvement hebdomadaire des crottins dans les pâturages ou en maintenant les juments gestantes dans des prairies non humides.