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Principaux parasites internes du cheval

La gastérophilose du cheval est une parasitose liée à la présence et au développement dans le tube digestif du cheval de larves de diptères parasites obligatoires de la famille des Gastérophilidés.

Généralités

Cliniquement la Gastérophilose du cheval se traduit par des coliques d'intensité modérée, un retard de croissance ou un certain degré d'amaigrissement, et une baisse des performances.

Plusieurs espèces de Gastérophilidés sont susceptibles de parasiter les équidés; ce sont Gasterophilus equi (ou G. intestinalis), G. nasalis (ou G. veterinus) , G. haemorrhoidalis, G. inermis, et G. pecorum.

Les Gastérophiles sont des insectes appartenant à l'ordre des diptères et au sous-ordre des brachycères cyclorhaphes. Ce sont en fait des insectes ressemblant aux mouches (11 à 15 mm de long), au corps velu de couleur rouille avec un thorax brun jaunâtre leur donnant l'aspect d'un petit bourdon.

Espèces affectées :

Tous les équidés: chevaux, poneys, ânes, mulets, zèbres, etc.. Occasionnellement, G. equi a été observé chez le chien et G. pecorum chez le lapin. Les tous premiers stades larvaires ont été signalés chez l'homme avec G. equi et G. haemorrhoidalis.

Répartition géographique :

Parasite cosmopolite rencontré très fréquemment en Europe et Amérique du Nord (G. equi, G. haemorrhoidalis, G. nasalis, G. inermis). G. pecorum est rencontré en Europe centrale et orientale, en Asie mineure et en Afrique.

Importance :

Dans les pays d'Europe et d'Amérique du Nord, la prévalence est très élevée, de l'ordre de 30 à 60% des équidés sont infestés à chaque saison.

En Europe, Gasterophilus equi (ou G. intestinalis) est l'espèce la plus fréquemment rencontrée dans plus de 90% des cas de gastérophilose.

Biologie

Pendant la saison estivale les mouches voltigent autour des équidés séjournant sur les prairies, durant les heures les plus chaudes de la journée. Leur durée de vie est assez courte (3 à 4 semaines) et du fait de pièces buccales vestigiales, elles sont incapables de se nourrir. Après l'accouplement, qui a lieu dès l'émergence des adultes de leurs pupes, les femelles pondent leurs œufs sur l'extrémité des poils des chevaux (à l'exception de G. pecorum).

Sans se poser sur l'animal, chaque femelle pond de 400 à 1000 œufs mesurant de 1 à 1,5 mm de long, de couleur jaunâtre et qui sont solidement fixés sur le poil grâce à un enduit visqueux qui se dessèche rapidement.

Les œufs éclosent en 5 à 10 jours sous l'action de la chaleur et de l'humidité ou quand l'animal se lèche ou se mordille. Les larves de stade 1 (L1) mesurent de 0.9 à 1 mm, sont extrêmement mobiles. Pour la plupart des espèces de gastérophiles le développement des premiers stades larvaires se fait au niveau des muqueuses buccale, linguale et gingivale. Les larves L1 muent en larves de stade 2 (L2), de 5 à 7 mm de long le plus souvent au niveau du pharynx, en arrière des molaires supérieures, dans une poche de mue.

Les larves L2 se fixent à la racine de la langue puis gagnent progressivement le tube digestif, et en particulier la partie malpighienne de l'estomac où elles se transforment en larves de stade 3 (L3) qui représente le stade larvaire final.

Ces larves L3 sont très caractéristiques: elles sont cylindriques, de forte taille (20 x 8 mm) et possèdent des rangées de fortes épines. Les pièces buccales de L3 sont puissamment armées de 2 crochets qui assurent la fixation de la larve dans les muqueuses gastriques ou duodénales pendant plusieurs mois.


Photo Laboratoires Mérial


Après une période de 10 mois, les larves L3 se détachent d'elles-mêmes et sont entraînées hors de l'intestin. Cette expulsion a lieu de mai à septembre et essentiellement la nuit ou tôt le matin. Arrivées au dehors avec le crottin, les larves s'enfoncent dans la terre et se transforment en pupes au bout de 1 à 2 jours. 30 à 40 jours plus tard en sort l'insecte adulte.

Les pupes sont très sensibles au gel et à l'excès d'humidité (inondation des pâturages). Elles ne peuvent évoluer dans les litières de l'écurie, le cycle ne pouvant se dérouler qu'à l'extérieur, sur les prairies.

Le cycle évolutif dure en moyenne un an. De juin à août, les gastérophiles femelles vont pondre sur les chevaux présents sur les pâtures. Dans le cas de G. equi, cette ponte a lieu sur les membres antérieurs et l'encolure, pour G. nasalis la ponte est localisée à la région de l'auge, pour G. haemorrhoidalis elle se situe autour des lèvres et des naseaux et pour G. inermis la ponte se fait sur la face et les joues.

La femelle de G. pecorum pond de préférence sur des objets quelconques ou sur l'herbe au voisinage des animaux et non sur les animaux eux-mêmes, sauf peut-être au niveau des sabots.

Les larves L3 fixées à la muqueuse digestive vont assurer leur croissance d'octobre à mai-juin (soit environ 9/10 mois).

Epidémiologie :

- Epidémiologie descriptive:

La gastérophilose peut toucher tous les équidés quel que soit leur âge. C'est une parasitose hivernale faisant suite à des infestations estivales.

- Epidémiologie descriptive:

Les sources de parasites sont représentées par les chevaux infestés de larves L3 et incorrectement vermifugés. Ces larves L3 éliminées dans les crottins en début d'été vont donner naissance à des adultes qui contamineront à nouveau les chevaux au pré.

Etude clinique :

- Symptômes:

L'activité des mouches et leur ponte autour des chevaux peuvent entraîner des accès de frayeur ou des courses analogues à celles observées chez les bovins harcelés par les hypodermes.

Les larves L3 (on en trouve en moyenne de 10 à 100 mais ce nombre peut atteindre 700 et même 1000) dans l'estomac et parfois le duodénum entraînent des coliques d'intensité modérée, une dysphagie ainsi qu'une dyspepsie.

Les chevaux salivent, mâchent longuement et font des efforts de régurgitation plus particulièrement en fin d'été lorsque les larves L1 et L2 sont localisées au niveau de la muqueuse buccale. Les nausées sont parfois nettes au cours des repas.

Les symptômes souvent discrets durant l'hiver, vont s'intensifier dès le mois de février.

Le volume disponible dans l'estomac peut se trouver réduit jusqu'à 50% ce qui peut entraîner un certain retard de croissance chez les jeunes animaux ou une certaine baisse de forme.

Le cycle de G. inermis va provoquer une symptomatologie particulière connue sous le nom de myiase sous-cutanée ou de dermite estivale des joues ou encore dermite serpigineuse. Cette affection particulière est plus souvent observée dans l'Est de la France. Dans ce cas les larves L1 issues des œufs pondus sur les joues, vont directement migrer vers la bouche en traversant la peau et le tissu conjonctif.

Lésions :

Inflammation chronique de la muqueuse gastrique ou duodénale autour des points de fixation des larves L3. Hyperplasie de la muqueuse et formation de granulomes entourant la zone de fixation des larves, ulcères au niveau de la bouche et des lèvres.

L'ensemble de la lésion stomacale donne un aspect en "nids d'abeille" communément appelée "petit estomac gastérophilien".


Photo Laboratoires Mérial


Quand les larves se détachent, ces alvéoles sont comblées par du tissu cicatriciel et il n'en reste plus de trace au bout de plusieurs semaines.

Diagnostic :

Il n'existe pas de possibilité de diagnostic coprologique, bien que parfois des larves L3 puissent être observées dans les crottins. Aucune sérologie n'est commercialisée.

Une endoscopie digestive peut permettre de visualiser les larves fixées au niveau stomacal.

La suspicion d'infestation peut-être posée lorsque les œufs de gastérophiles sont vus sur le pelage durant la saison estivale. Il y a lieu de différencier ces œufs de gastérophiles (qui sont striés) des lentes de poux (qui sont ponctués et nettement plus blancs). Par ailleurs l'infestation par les poux est plus fréquente en période hivernale que pendant l'été.

Méthodes de lutte :

- Traitement Insecticide:

Les organophosphorés (trichlorfon, dichlorvos) sont actifs contre les larves L3 de Gastérophiles. Ces produits seront à utiliser avec précaution. Le trichlorfon est contre-indiqué chez le poulain de moins de 4 mois d'âge et la jument en fin de gestation, le dichlorvos ne doit pas être utilisé chez le poulain de moins de 100 kg et chez les sujets souffrant de troubles respiratoires chroniques.

Les macrolides antiparasitaires (L'Ivermectine à 0.2mg/kg et la Moxidectine à 0.4mg/kg) sont également actifs sur les Gastérophiles. La Moxidectine est active sur les formes L2 et L3 de G. equi et de G. nasalis, alors que l'Ivermectine est active vis-à-vis de tous les stades larvaires des différentes espèces de Gastérophiles. L'Ivermectine peut être administrée chez les poulains dès le jeune âge.

Les benzimidazoles et le pyrantel, qui sont des anthelminthiques stricts, ne sont pas actifs sur les Gastérophiles.

Prophylaxie :

Les traitements sont à réaliser en fin d'automne(novembre) de façon à stopper l'évolution des larves L3 et d'empêcher ainsi l'apparition de nouvelles générations de Gastérophiles l'été suivant.

- Interventions dans le milieu:

La destruction des mouches dans le milieu extérieur est illusoire. On peut limiter l'infestation en effectuant des brossages quotidiens du pelage pour éliminer les œufs ou par applications locales de lotion insecticides.

Bibliographie :

Beugnet F.: La Gastérophilose équine. L'action Vétérinaire, 1999, 1501: 15-18.
Blagburn B.L. et al.: Pathogenesis, treatment and control of gastric parasites in horses. The Compendium on continuing education, 1991, 13 (5): 850-857.
Cogley TP; Cogley MC: Inter-relationship between Gasterophilus larvae and the horse's gastric and duodenal wall with special reference to penetration. Vet Parasitol 1999 Sep 30; 86(2): 127-42
Torbert BJ; Kramer BS; Klei TR: Efficacy of injectable and oral paste formulations of ivermectin against gastrointestinal parasites in ponies. Am J Vet Res 1982 Aug; 43(8): 1451-3.
 
  

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