Tsunami Japon, ce matin
Sujet commencé par : Roro - Il y a 536 réponses à ce sujet, dernière réponse par lisisPar Roro : le 11/03/11 à 12:01:45
  DéconnectéDire merci | Lien les vidéos sont impressionnantes, 10m de haut déjà l'année dernière, c'était un tremblement de terre, mais là, mince alors quand la nature se déchaine, on fait bien petit, très petit. faut voir les vidéos plus bas sur le site. |
Par keriado : le 17/03/11 à 18:57:11
| Dire merci | ha mais t'es avec des geographes mais c'est SALE !! j'admet, les géographes c'est naze, mais bon, c'est pas pire que des biologueux Je suis en L3 Géographie et je me lave tous les jours  |
Par Bestline : le 17/03/11 à 18:58:56
| Dire merci | Le Japon a annoncé à l'AIEA avoir réussi à atteindre le réacteur 2 de Fukushima-Daiichi avec une source électrique. L'objectif, remettre en marche les turbines de refroidissement une fois que les opérations d'arrosage seront terminées (Reuters)  Croisons les doigts ... |
Par lisis : le 17/03/11 à 22:06:01
| Dire merci | Pour Laure : je viens de l'entendre de la bouche de feu le Pr Nesterenko : 1 micro-gramme de plutonium pour tuer 1 homme  |
Par sanchan : le 17/03/11 à 23:59:06
| Dire merci | Il y a beaucoup d'animaux domestiques, chiens, chats, lapins et pas mal de furets si l'on en croit la proliferation du commerce les entourant (pour ces derniers). Leur sauvetage n'est pas a l'ordre du jour, chacun est responsable de sa famille (bipede et quadrupede) quand la chance et le temps les a epargne. De l'Ambassade, un petit communique aux volontaires (attention, pas rapatries) au retour en France: les animaux domestiques ne sont pas acceptes. Fukushima, Miyagi et Iwate (Aomori aussi) sont des prefectures avec du betail ... Vu la situation, aucunes nouvelles, deja qu'il est difficile de rescenser precisemment les survivants d'une meme famille habitant seulement a quelques metres ... Si l'elevage a encore un proprietaire, il doit se demener. Depuis ce matin, les secours (de carburants, alimentaires et medical) a l'air d'arriver en nombre consequent et regulier faut pas oublier que les routes sont difficiles d'acces a cause des debris, du manque de carburant (les engins sans carburant pas vraiment efficace), la circulation des trains se retablie au compte goutte et le transport maritime aussi (ports endommages aux alentours). Le plus fort, mais courant dans ces situations, c'est que les denrees attendent seulement l'acheminement a bon port, il n'y a pas de penurie. Et puis le temps, il re-neige depuis le 16, resultat 30 cm. Hier, il y a eu pas mal de repliques meme sur Aomori alors que c'etait calme les 2 jours precedents. Les coupures d'electricite tournantes (de 3h) sont instaurees sur Tokyo pour cause de sur-consommation, nous devions y etre soumis entre le 17 et le 19 mais finalement c'est annuler. Quand a la centrale, les lances a eau ont mieux atteind leur but que les helico mais la situation n'est toujours pas stable et insuffisante, la course contre la montre n'est pas terminee. |
Par Medina : le 18/03/11 à 00:11:51
| Dire merci | 1er ( ?) rapport : Lien je ne sais qu'en penser ... |
Par lisis : le 18/03/11 à 00:16:00
| Dire merci | c'est le lien que j'ai mis plus haut Medina La crii-rad, j'ai totalement confiance, c'est un organisme scientifique indépendant de référence |
Par kefiretlome : le 18/03/11 à 00:28:06
| Dire merci | Très intéressant rapport (et inquiétant !!!) |
Par Medina : le 18/03/11 à 00:38:59
| Dire merci | ha ok , j'avais pas vu lisis ... en gros ils sont à priori méchamment contaminés c'est ça ? Message édité le 18/03/11 à 00:29 |
Par Medina : le 18/03/11 à 00:46:15
| Dire merci | par contre y a un truc que je pige pas : c'est entre les Bq et les sieverts . C'est quoi le rapport d'échelle ? Message édité le 18/03/11 à 00:36 |
Par BW : le 18/03/11 à 00:57:41
| Dire merci | en gros ils sont à priori méchamment contaminés c'est ça ? non le rapport ne dit pas ça. Il dit que les doses sont potentiellement importantes dans certaines régions mais qu'on a pas les données indispensables pour l'évaluer avec certitude (ce qui est très grave en soi) edit : pour faire simple : le becquerel c'est l'activité d'un radionucléide. Un becquerel, c'est une désintégration par seconde. Donc ça permet de mesure à quel rythme un radionucléide se désintègre. le sievert, c'est en quelque sorte l'"activité efficace" du radionucléide, en permettant de mesurer la quantité d'énergie reçue par un être vivant. donc en très gros le becquerel donne l'activité de l'élément, le sivert permet de mesurer les dégâts que ça représente sur un être vivant pas de rapport d'échelle donc, ce sont deux valeurs complètement indépendantes d'un point de vue physique Message édité le 18/03/11 à 00:47 |
Par Sahel46 : le 18/03/11 à 09:14:51
| Dire merci | J'arrive un peu tard sur le sujet, mais lundi, j'ai entendu une émission de France Inter super intéressante sur le sujet : la tête au carré. Les invités : - Pascal Bernard, sismologue à l’institut de géophysique du globe - Laurent Jénod, consultant dans le transfert de nouvelles technologies, en direct du Japon - Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire, responsable du labo de la CRIIRAD - Monique Sené, physicienne - Yves Marignac, consultant sur les questions énergétiques, directeur de WISE-Paris une agence d’information, d’étude et de conseil sur l’énergie Explications très claires et très instructives! Lien |
Par Maevan : le 18/03/11 à 10:07:49
| Dire merci | Le secours populaire lance un appel au don pour le Japon Lien |
Par GGT : le 18/03/11 à 10:25:27
| Dire merci | merci pour tous ces liens très interessants |
Par Medina : le 18/03/11 à 15:38:23
| Dire merci | merci BW pour tes explications . Bon les gens, on est parti pour la Lybie désormais haut les coeurs !!  |
Par Bestline : le 18/03/11 à 15:49:34
| Dire merci | Oui  Y a pas encore assez de soucis comme ça ... |
Par nath34 : le 18/03/11 à 18:41:17
| Dire merci | Merci Sanchan pour tes explications du Japon si j'ai bien compris... Bon courage et nous croisons les doigts pour que les techniciens et toutes ces personnes héroïques - comme on dit ici - arrivent à stopper ces émanations...  |
Par GGT : le 18/03/11 à 18:43:02
| Dire merci | à la radio j'ai entendu qu'ils envisagent de relancer l'électricité pour le système de refroidissement des 1 et 2 demain matin |
Par Bestline : le 18/03/11 à 20:32:44
| Dire merci | Oui, meme infos a la télé Pourvu qu'il n'y ait pas eu un autre soucis qu'electrique et que la relance passe directement ... Enfin certains disent pour le 1 suivi du 2 d'autres juste le 4, donc on va dire qu'il y aura de l'electricité quelque part ! En attendant c'est stable, bonne chose ... |
Par laureBrrrrr : le 18/03/11 à 20:42:33
| Dire merci | Ok Lisis ! |
Par sanchan : le 18/03/11 à 23:45:22
| Dire merci | Oui, ca fait plusieurs jours que les techniciens travaillent afin de "tirer" l'electricite des No1 et 2 pour realimenter le systeme de refroidissement du No3 d'abord puis celui du 4; apparemment ca se fera dans la matinee. En attendant, des camions de pompiers speciaux (puissants lance-eau) sont arrives de Tokyo hier (30) et aujourd'hui ceux d'Osaka arrivent a la rescousse. Sur Sendai, le port d'alimentation en carburants est de nouveau en service (arrete a cause des coupures d'electricite), les camions citernes commencent a realimenter les stations. Au moins, les refugies auront un peu de chauffage et de quoi manger plus humainement. |
Par Medina : le 18/03/11 à 23:48:22
| Dire merci | Poure revenir quelques instants sur le sujet plus vaste de la radioactivité , je viens de trouver quelque chose d'interessant : Spoiler
le reportage complet ( durée 1h30) sur la biodiversité dans la zone interdite de Tchernobyl, 20 ans après la catastrophe . Je le mets en spoiler à cause de la chasse aux sorcières
 Lien Loups, ours, élans, biches .... et même lynx , des espèces totalement absentes 20 ans avant, sont revenus coloniser une niche écologique vacante, pourtant radioactive et prospèrent en l'absence de l'homme, et ce, malgré des endroits hautement toxiques . Clin d'oeil aux cavaliers que nous sommes : des chevaux de Prewalski ont colonisé cette zone ; le plus ironique étant que ces individus sont des descendants de quelques grabataires que les scientifiques ont introduits dans cette zone, les choisissant agés car persuadés de les envoyer au casse-pipe . Décidemment la Nature aime les pieds de nez ! |
Par lisis : le 19/03/11 à 00:05:28
| Dire merci | je peux pas voir mais |
Par BW : le 19/03/11 à 00:28:08
| Dire merci | j'en suis à 15 minutes ça me saoûle, ça arrête pas de nous dire "c'est hyper radioactif, c'est 1000 fois plus que" etc etc et y'a toujours aucun chiffre |
Par Medina : le 19/03/11 à 00:43:44
| Dire merci | oui mais ils se concentrent plus sur le vivant que sur la mesure de la radioactivité il me semble par contre ce qui m'apparait comme flippant c'est que donc le plutonium se déplace ? Message édité le 19/03/11 à 00:34 |
Par sanchan : le 19/03/11 à 01:31:14
| Dire merci | Les mesures enregistrees ici ne sont qu'en micro ou milli Sievert, je n'ai pas retenu les chiffres exactes donnes hier (le 18) mais apparemment a Tochigi (prefecture voisine) les valeurs sont 36 fois superieures a la norme (apres Fukushima evidemment plus touchee) , le centre de Tokyo (Shinjuku) a 200 km 1,5 fois plus. Les chiffres sont donnes aux infos... regulierement , ca travaille dur pour eviter le dispersement, donc ne fusse qu'une goutte d'eau supplementaire pour refroidir... Apparemment, les autres pays n'ont pas non plus d'idee supplementaire. Les americains ont pourtant eu le meme probleme (dans un context different c'est sur) avec le meme type de reacteur. A propos, le combustible vient de France. |
Par kefiretlome : le 19/03/11 à 01:38:46
| Dire merci | Oui, le combustible, c'est du Mox. C'est Areva qui fabrique ça, à Marcoule. Et qui le vend au Japon. |
Par BW : le 19/03/11 à 01:39:59
| Dire merci | A propos, le combustible vient de France. oui, c'est Areva qui vend le mox de Fukushima Les mesures enregistrees ici ne sont qu'en micro ou milli Sievert heureusement, parce que dès qu'on en est à se prendre des Sieverts entiers on a plus bien longtemps à vivre |
Par nath34 : le 19/03/11 à 08:27:33
| Dire merci | je sais que ça travaille dûr pour éviter que la radioactivité n'augmente. On a vu les soldats du feu aller au casse-pipe hier à la télé. On ne voit plus grand chose d'autre ici en Europe parce que les journalistes ont été envoyés se protéger ailleurs et puis qu'il faut laisser les japonais se défendre et nous défendre tous dignement, on ne saurait d'ailleurs pas mieux faire qu'eux et qu'il y a d'autres actualités sous le feu des projecteurs (Libye, relance de la consommation, faire remonter le moral des gens en prévision du printemps puisqu'on est rassurés, le Japon enverra bien des lignes de samourraï les uns après les autres pour solutionner le problème...). Moi je dis chapeau et merci à ces hommes |
Par Yann22 : le 19/03/11 à 09:52:39
| Dire merci | Avec l'arrosage à grandes eaux, les rejets à la mer doivent être sympathiques... Mais bon, pas le choix. |
Par lisis : le 19/03/11 à 10:36:13
| Dire merci | Clair Yann que de toute façon on en est déjà au stade de la catastrophe... cata qui pourrait être encore pire  |
Par laureBrrrrr : le 19/03/11 à 12:57:19
| Dire merci | la pollution des oceans se voit moins et y'a moins d'humain enfin ça a l'air tout de même d'être moins pire ça a trembler ce matin encore ... |
Par GGT : le 19/03/11 à 13:12:48
| Dire merci | apparemment leurs arrosages fonctionnerait, puisque les températures qui semblent avoir été relevées au dessus de la centrale ne dépasserait pas les 100° (je préfère utiliser le conditionnel) mais il semble que des traces radioactives auraient été retrouvées dans l'eau du robinet ... |
Par laureBrrrrr : le 19/03/11 à 13:36:21
| Dire merci | pas que dans le lait aussi ... |
Par nath34 : le 19/03/11 à 14:06:32
| Dire merci | avez vous remarqué comme les médias lévitent en ce moment.... |
Par BW : le 19/03/11 à 14:25:05
| Dire merci | avez vous remarqué comme les médias lévitent en ce moment.... les crises perdent de leur aspect vendeur si elles durent trop longtemps, les gens se lassent ça a fait la même chose après Sumatra en 2004, après Haïti en 2010... Si on y regarde bien cette crise intéresse de moins en moins de personnes, il ne se passe rien de spectaculaire, la situation est relativement stable, du coup on commence à s'y désintéresser. par-dessus ça il y a eu quelques rebondissements avec la Lybie du coup ça commence à passer au second plan. d'autant plus que dans l'incoscient collectif le Japon est un pays riche et organisé, du tout ils gèrent. On a même pas vu de grosse compagne de dons comme pour Haïti ou Sumatra, alors que ce qui s'y passe représente très probablement bien plus de moyens nécessaires et est largement plus inquiétant sur les termes plus longs... tout ça pour dire que ça me surprend pas des masses que les medias laissent filer un peu l'affaire pour l'instant |
Par lisis : le 19/03/11 à 14:32:16
| Dire merci | ben c'est logique, il se passe d'autres trucs dans le monde aussi, les révolutions arabes ont éclipsé la côte d'ivoire, le Japon au moment du séisme a éclipsé les révolutions arabes, maintenant la libye éclipse le Japon (enfin, éclipse... faut le dire vite), une actualité en chasse une autre. La côte d'ivoire ça dure depuis novembre, ils ne vont pas faire tous les jours la une de l'actualité avec ça pour dire "rien de changé, rien de changé". quand la situation change, on en reparle. à côté de ça si on veut trouver des infos sur la côte d'ivoire depuis novembre on peut le faire tous les jours, l'actualité ce n'est pas que la "une" (pas la chaine, la page  ) |
Par lisis : le 19/03/11 à 14:33:28
| Dire merci | les campagnes de dons ce n'est pas la responsabilité des médias mais des ONG, ils les relaient simplement. |
Par lisis : le 19/03/11 à 14:35:51
| Dire merci | une autre composante c'est qu'il reste peu de journalistes sur place, trop dangereux, la plupart sont partis ou ont été priés de le faire... |
Par BW : le 19/03/11 à 14:41:19
| Dire merci | les campagnes de dons ce n'est pas la responsabilité des médias mais des ONG, ils les relaient simplement. jamais dit le contraire, c'était juste pour illustrer le fait que mine de rien cette catastrophe n'a jamais attiré une attention du public en général aussi grande qu'on aurait pu s'y attendre et du coup qu'on pouvait s'attendre à ce qu'elle descende relativement vite dans l'ordre d'apparition des infos |
Par lisis : le 19/03/11 à 14:44:45
| Dire merci | Pour ce qui est des journalistes, très bel article paru sur le site de médiapart : Il y a pire que la guerre, il y a la radioactivité innommable 17 Mars 2011 Par Claude-Marie Vadrot En direct, l’envoyé spécial de France 2, Alain de Chalvron, a dit il y a deux jours son angoisse face à la radioactivité qui arrivait ou qui pouvait arriver. Dans sa voix, pour ce journaliste qui en a vu d’autres, il y avait une tension inhabituelle. D’autres journalistes ont exprimé, parfois malgré eux, cette peur, cette crainte d’un inconnu qu’il est impossible de voir: les voix hésitent à en parler, à formaliser ce qui est ressenti. Etrange et révélateur de ce qui se passe. Au cours de ma carrière déjà longue, j’ai cavalé sous les bombes ou guetté les obus, les balles et les explosions à Groznyï, en Irak, à Gaza, en Géorgie, au Liban, en Afghanistan, au Bangladesh. Et ailleurs. Pour raconter la guerre et ce qu’il y avait derrière les combats. Je n’étais alors ni plus courageux ni plus glorieux qu’un couvreur qui risque tous les jours l’accident du travail s’il tombe du toit. J’y allais, parce que c’était et que cela reste mon métier : en ayant peur, avant, pendant (et surtout) et après), mais avec, toujours, l’impression que j’avais ma chance, l’illusion que je pouvais, avec un peu d’habilité et d’instinct, passer entre les gouttes. Illusion bien sur car cela revient à jouer à la roulette russe. Mais, après tout, même à ce stupide jeu russe, il y a toujours une chance. Une seule et dans la tête, ça suffit ; l’homme ou la femme qui jouent ainsi à cache-cache, y croient d’autant plus que, souvent, ça tombe ailleurs, voire sur un autre. Et puis un jour, après avoir beaucoup intrigué et collectionné les signatures d’apparatchiks soviétiques, j’ai obtenu l’autorisation, trois ans après l’accident, de descendre dans le cratère de l’explosion de Tchernobyl pour voir le réacteur fondu et tordu. Avec une photographe. Au dernier moment, j’ai renoncé, je n’ai pas osé prendre le risque, invisible, impalpable, d’aller subir une forte irradiation pendant quelques minutes ; d’affronter un danger silencieux et invisible. La photographe est descendue et a rapporté des photos fantastiques qui ont fait le tour du monde et la une des magasines. Je n’ai jamais regretté mon refus et mon rédacteur en chef de l’époque ne me l’a pas reproché, ne m’a pas reproché d’avoir raté un véritable scoop. L’atome en folie ne peut pas, ne doit pas être affronté. Sauf, comme à Tchernobyl et à Fukushima, pour tenter de sauver des vies. C’est ce qui se passe au Japon : des reporters aguerris ne supportent pas cette menace invisible que représentent les radiations. La peur, l’angoisse prennent une autre forme, une intensité inhabituelle. Pas d’adrénaline, juste une appréhension interne profonde qui n’a ni forme, ni odeur, ni saveur. Juste quelque chose qui pénètre l’âme et le corps. Quelque chose que je ressens encore quand, comme en novembre dernier, je marche au pied du sarcophage de Tchernobyl. Comme quand j’arpente les rues désertes et silencieuses de la ville de Pripiat abandonnées par 50 000 personnes, à quelques kilomètres de la centrale accidentée. A chaque fois que j’y retourne, l’angoisse est la même dans cette Pompéi des temps modernes. Une angoisse si particulière que j’ai du mal à l’expliquer ensuite à mes proches, à des amis. C’est cela l’énergie nucléaire dont la force s’échappe –forcément- un jour : la mort invisible, la mort définitive d’une ville qui disparaît peu à peu sous la végétation. C’est, au sens strict du terme, absolument in-des-crip-tible. Comme la représentation du mal absolu, de la folie technologique qui prend des paris stupides avec le diable. C’est tout cela que ressentent confusément beaucoup des journalistes présents au Japon alors qu’ils étaient partis couvrir un fait comme un autre : une fois sur place, ils comprennent qu’il y a autre chose, indéfinissable et quasi impossible à nommer ; oui, c’est cela finalement les radiations qui se répandent représentent l’innommable. C’est aussi ce que commencent à ressentir les Japonais qui apparaissent dans les reportages : au delà des peurs du tremblement de terre, au delà de l’horreur du tsunami, il y a la terreur qui monte de ne pas savoir quand et comment on va être plongé dans la radioactivité : nul ne la voit arriver et même les chiffres qui défilent sur un dosimètre ne parlent pas à la conscience. C’est cela que vivent des millions de Japonais : l’arrivée d’une peur qu’ils croyaient avoir maîtrisé depuis Hiroshima. Pourtant, hier c’était la guerre alors qu’aujourd’hui, il parait que c’est la paix. |
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